Alice Ranorojaona Pélerin
JOROTERAPIA : Soigner en donnant du sens
Jeudi 14 mars à 20h, au Forum 104
Présentée par Edwige Roberval
En médecine, on cherche une cause mais, nous les humains, avons besoin de donner du sens à ce qui nous arrive.
La biomédecine s'avère souvent désarmée face à certaines manifestations qualifiées de psychosomatiques, surnaturelles ou psychiatriques.
C'est ainsi que le Dr Alice Ranorojaona Pélerin s'est orienté vers l'anthropologie pour explorer une voie par la recherche du sens, qui est un langage commun à l'humanité.
Elle perçoit dans ces cas, des personnes restées sous la coupe de lignées perturbées par des deuils non faits, ou d'autres qui ont vécu des situations douloureuses en lien avec l'idée de mort, et qui ont besoin d'en faire le deuil.
Elle les accompagne alors dans leurs questionnements, et aboutit à la création d’une démarche transgénérationnelle centrée sur la personne - à l’écoute de son langage, de sa culture, de son histoire et de celle de ses ancêtres.
Elle l'a nommée «Joroterapia», en hommage à sa grande île natale, Madagascar.
Dans la culture malgache, un défunt garde son statut de «mort» tant qu’il n’a pas été intronisé «ancêtre» par les vivants. Pendant toute cette période d'attente , son lien avec les vivants reste chargé des affres de la mort où, vivants et morts restent rattachés les uns aux autres par la souffrance, en attente d'un deuil qui a besoin d'être clôturé.
Les secondes funérailles pratiquées à Madagascar concourent à cette finalisation du deuil.
Finir un deuil consiste à séparer le monde des morts de celui des vivants, en prenant bien soin toutefois, de garder un lien symbolique apaisé avec le défunt.
La création de ce nouveau lien apaise l'intéressé.e tout en réparant ses lignées blessées par des problématiques anciennes jusqu'alors non résolues. C'est tout ce processus qui donne le sens tant recherché, aux troubles survenus dans la vie des vivants.
C’est de cette pratique qu’elle va nous parler durant cette conférence.
Alice Ranorojaona Pélerin a soutenu sa thèse de doctorat en Anthropologie, intitulée : «Joroterapia: soigner avec la quête de sens», à l'Université de La Réunion, en 2018. Elle est membre du CIRET (Centre International de Recherches et d’Études Transdisciplinaires).
Actuellement elle se consacre à développer la Joroterapia, elle accompagne les personnes et soigne leur histoire tout en continuant ses recherches. Pour transmettre ses acquis, elle dispense des cours à l'Université de La Réunion dans le cadre du diplôme universitaire d'Ethnomédecine et celui des soins palliatifs.